Boris Tishchenko - Recording of the complete violin works
World Premiere
After the success of his first album, devoted to Locatelli's 24 Caprices for solo violin, Gabriel Tchalik takes us into the Russia of the second half of the 20th century, following in the footsteps of Boris Tishchenko (1939-2010). This Saint Petersburg composer was one of the most conspicuous personalities in Soviet (then Russian) musical creation of our time. Disciple then close friend of Shostakovich and Ustvolskaya, he was the author of an abundant catalogue (eight symphonies, a cycle of five Dante-Symphonies, 11 piano sonatas, three ballets, five string quartets...) of great quality and yet largely unknown in the West. Indeed, even though his works were introduced by the greatest performers of the time, from Mstislav Rostropovich (dedicatee of the Cello Concerto No. 1, Op. 23, for 17 wind instruments, percussion and harmonium, 1963) to Kirill Kondrashin, Gennady Rozhdestvensky or Valery Gergiev, he was unable to make himself known to the western public. Heir to the great Russian symphonic tradition via the figure of Shostakovich, he is not spontaneously associated with his country's avant-garde; furthermore, this apolitical personality did not benefit from the notoriety of dissident composers such as Schnittke, Gubaidulina, Pärt or Denisov. Nonetheless, over the past few years, labels including EMI, Chandos, Bis, Naxos, Fuga Libera and Northern Flowers have released a series of recordings to make his music better known.
This world premiere recording of Tishchenko's complete works for violin spans all of the composer's creative periods. We can measure the distance covered between the narrative lyricism inherited from Prokofiev in the Rondo and First Sonata (1957), written at the age of 18, and the monumentality of the Second Sonata (1975) and its seven movements; between the unbridled virtuosity of the Capriccio (1965) and the Fantasy (1994), a major work in which the composer combines a folk vein and exuberant rhythms within sweeping formal architecture that is always balanced. But far from any formalist abstraction, the keen sense of form and proportions is constantly subordinated to the expressiveness of the language; impressive in his mastery of counterpoint, the aim remains no less direct and uncompromising.
To underscore this event, Gabriel Tchalik wanted to bring together with this album three outstanding personalities from the intellectual and artistic world of this post-Stalin era: a composer, a painter and a writer, each of whom, in his own way, depicted Soviet reality of the time. Instigator of Moscow's famous so-called 'Bulldozer Exhibition', repressed in 1974 by the regime, Oscar Rabin is a painter now internationally known; 12 of his unpublished drawings, dating from the 1950s and '60s, are thus presented in this new album conceived as an art object. Drawing their inspiration from the same Soviet reality and attesting to the ephemeral artistic effervescence that occurred at the moment of the Thaw, they closely echo the music of Tishchenko. So it is with the text by Nicolas Bokov, a dissident writer forced into exile by the same regime, also included in this booklet.
This project is supported by the Association Internationale D. Chostakovitch (Paris), with the participation of Madame Irina Shostakovich, as well as by the "Committee Tishchenko 70 ».
Boris Tishchenko, 2009
Boris Tishchenko avec Gabriel et Dania Tchalik au Centre Chostakovitch le 29 octobre 2009
Boris Tishchenko - Enregistrement de l'oeuvre complète pour violon
Première mondiale
Après la réussite de son premier album consacré aux 24 Caprices pour violon seul de Locatelli, Gabriel Tchalik nous emmène sur les pas de Boris Tishchenko (1939-2010) dans la Russie de la deuxième moitié du XXe siècle. Ce compositeur pétersbourgeois est l'une des personnalités les plus en vue de la création musicale soviétique (puis russe) de notre temps. Disciple puis ami proche de Chostakovitch et d'Oustvolskaya, il est l'auteur d'un catalogue pléthorique (8 Symphonies, un cycle de 5 Dante-Symphonies, 11 sonates pour piano, 3 ballets, 5 Quatuors à cordes...) d'une grande qualité et néanmoins largement méconnu en Occident. En effet, bien que son œuvre fût créée par les plus grands interprètes de son temps, de Mstislav Rostropovitch (le dédicataire du Premier Concerto pour violoncelle op. 23 pour 17 instruments à vent, percussion et harmonium, 1963) à Kirill Kondrachine, Gennadi Rojdestvensky ou Valery Gergiev, il n'a pu se faire connaître auprès du public occidental. Héritier de la grande tradition symphonique russe via la figure de Chostakovitch, il n'a pas été spontanément associé à l'avant-garde de son pays ; de plus, cette personnalité apolitique n'a pas bénéficié de la notoriété de compositeurs dissidents tels que Schnittke, Gubaïdulina, Pärt ou Denisov. Ces dernières années, des labels comme EMI, Chandos, Bis, Naxos, Fuga Libera ou Northern Flowers ont néanmoins entrepris une série d'enregistrements pour mieux faire connaître son œuvre.
Gravée ici en première mondiale, l'œuvre pour violon de Tishchenko est répartie sur l'ensemble des périodes de création de l'auteur. On mesure le chemin parcouru entre le lyrisme narratif hérité de Prokofiev dans le Rondo et la Première Sonate (1957), écrits à 18 ans, et la monumentalité de la Deuxième Sonate (1975) et de ses sept mouvements ; entre la virtuosité débridée du Capriccio (1965) et la Fantaisie (1994), une œuvre majeure où le compositeur rassemble une veine populaire et des rythmes exubérants au sein d'une architecture formelle ample et toujours équilibrée. Mais loin de toute abstraction formaliste, le sens aigu de la forme et des proportions est constamment subordonné à l'expressivité du langage ; impressionnant par sa maîtrise du contrepoint, le propos n'en reste pas moins direct et sans concessions.
Pour souligner cet événement, Gabriel Tchalik a voulu réunir avec cet album trois personnalités marquantes du monde intellectuel et artistique de cette période post-stalinienne : un compositeur, un peintre et un écrivain qui, chacun à leur manière, ont dépeint la réalité soviétique de l'époque. Instigateur de la fameuse exposition dite "des Bulldozers" réprimée en 1974 à Moscou par le régime, Oscar Rabine est un peintre aujourd'hui mondialement reconnu ; douze de ses dessins inédits datant des années 1950 et 1960 sont ainsi présentés dans ce nouvel album conçu comme un objet d'art. Puisant leur inspiration de la même réalité soviétique et témoignant de l'éphémère effervescence artistique qui eut lieu au moment du Dégel, ils entrent en résonance étroite avec la musique de Tishchenko. Il en est de même pour le texte de Nicolas Bokov, écrivain dissident contraint à l'exil par le même régime, également inclus dans le livret.
Ce projet est soutenu par l'Association Internationale "Dimitri Chostakovitch" (Paris), co-présidée par Madame Irina Chostakovitch, ainsi que par le "Comité Tishchenko 70".